Revue
Grand entretienMaroun Eddé : «Derrière des succès comme Tesla, Facebook ou Google, les innovations publiques sont omniprésentes»
Normalien de formation, philosophe et essayiste, Maroun Eddé vient de publier La destruction de l’État1. Cet auteur franco-libanais est particulièrement sensible à la débâcle de l’État libanais : un pays gangrené par des logiques de corruption, de népotisme, de favoritisme, dans lequel il n’existe plus de service public.
Admirateur des grands corps d’État français, la suppression de l’École nationale d’administration (ENA), ainsi que des corps diplomatique et préfectoral ont été, pour lui, de véritables déclencheurs. Il a mené une enquête pendant plus de deux ans pour comprendre les raisons du démantèlement des principaux atouts français, les éventuels bénéfices du nouveau modèle et le bilan à en tirer. Après un passage par le secteur privé, le conseil en stratégie et la finance, il réfute l’idée que ce soit la meilleure manière de servir l’intérêt général, une idée pourtant partagée dans les principales écoles formant les hauts fonctionnaires.
Destruction des services publics, privatisation de l’intérêt général, abandon des compétences et déroute énergétique, cette enquête fournie – et sans concession – brosse un portrait sombre des trente dernières années et esquisse quelques pistes pour un État capable de relever les défis du XXIe siècle.