Smart cities sans frontières

Le 2 août 2018

Fort de son statut de détecteur d’innovations numériques à l’échelle mondiale, l’observatoire Netexplo lance un dispositif d’observation et de formation centré sur les villes intelligentes.

C’était, depuis dix ans, un observateur avisé de l’innovation technologique mondiale auprès des décideurs publics, créé en 2007 en partenariat avec le Sénat, le ministère de l’Économie numérique, l’UNESCO et HEC Paris : l’observatoire Netexplo, présidé par Thierry Happe, devient également aujourd’hui un formateur dans le secteur de la ville intelligente. Il vient en effet de lancer « Smart cities accelerator », son programme expert de formation et de certification internationale, développé sous le haut patronage de l’UNESCO, avec le soutien du ministère des Transports, et en partenariat avec plusieurs grands groupes privés français, deux universités chinoises l’ESCP Europe et Télécom ParisTech.

Trois étapes dont une « master class »

Cette formation s’adresse aux décideurs en charge des villes et territoires intelligents, dans le but de leurs offrir des pistes et des moyens d’identifier « les innovations numériques les plus remarquables » et « les tendances d’avenir » qui permettront, « demain, d’améliorer la vie des citoyens ». Le programme, comme l’expliquent en substance les responsables de l’observatoire Netexplo, s’articule autour de trois étapes, parmi lesquelles une « master class » de 2 jours, les 18 et 19 avril 2019, au siège de l’UNESCO. Des intervenant et experts renommés y interviendront (en trois langues : anglais, français et mandarin) dans six domaines de connaissance, trois de type sectoriel (habitabilité, connectivité, mobilité) et trois de type transversal (modèles de financement, co-modernisation et attractivité). Les participants se verront communiquer, sous forme de deux ouvrages, des ressources documentaires pratiques (annuaire mondial des innovations, tendances et scénarios réalistes, analyses, etc.) issues des travaux de l’observatoire. Le programme prévoit pour eux également une session en ligne, la mise en place d’un espace (en ligne aussi) dédié et l’instauration « communauté internationale » dont ils feront partie.

Un regard international

À l’issue de cette formation, les participants obtiendront leur certification « Smart cities management », qui sera « commune aux écoles et universités partenaires du programme ». En attendant, ils peuvent essayer d’en savoir plus sur quinze innovations dans vingt-huit villes identifiées par Netexplo. Parmi elles, concernant l’environnement, on peut citer la smog free tower (un purificateur d’air de 7 mètres transportable) de Rotterdam, les sponge cities chinoises (pour lutter contre les aléas climatiques) ou l’application finlandaise de mobilité Whim (réservation et utilisation à volonté de tous les modes de transports moyennant un abonnement équivalent au coût de revient d’une automobile en ville). Quant à la France, Thierry Happe cite également Lyon qui a su appréhender ces questions « de façon remarquable ».

Thierry Happe : « C’est au citoyen d’être au cœur des décisions »

Thierry Happe

Thierry Happe est président et cofondateur de l’observatoire Netexplo.

Quel est le rôle qui se dessine pour les pouvoirs publics locaux au sein de la smart city ?

Nous sommes au début de l’histoire et il est encore trop tôt pour délivrer le contenu de la formation. C’est prévu pour avril 2019. Notre sentiment est que la smart city n’est pas une question technologique mais une question d’application de la technologie à des fins absolument pas technologiques : le bien-être des citoyens mais aussi la solution aux problèmes qui font de la ville, aujourd’hui, un sujet compliqué, comme la mobilité qui est au cœur de ces sujets. Derrière l’apparente modernité du terme « ville intelligente », où l’on regroupe un peu de tout, ne perdons pas de vue l’objectif qui n’est pas celui de nous dire que nous sommes modernes et attractifs grâce aux technologies mais celui d’améliorer la condition de vie de nos concitoyens.

Comment comptez-vous procéder ?

Nous prenons donc le parti d’améliorer la condition de vie de nos concitoyens. Et notre objectif sera d’identifier au niveau mondial les meilleurs projets menés par les villes. Dès que vous allez sur place, que vous analysez les expérimentations et les effets de levier,  que vous ne dépendez pas de la commande publique en termes de financement, vous avez une certaine liberté. Dans notre observatoire et dans notre programme, nous avons opté pour cette liberté. Nous ne recueillerons pas le seuls avis des sociétés technologiques et des villes. Nous aurons une démarche plus opérationnelle : « Est-ce que ça marche ? »

Quels en sont les principaux enjeux ?

Nous les évoquions en 2015 déjà, dans notre ouvrage publié avec l’UNESCO et intitulé Voyage dans les villes intelligentes entre datapolis et participolis. L’enjeu c’est de participer, de ne pas vivre dans une société gouvernée par les technologies : c’est au citoyen d’être au cœur des décisions. Il est parfois compliqué de faire adhérer les populations à de telles transformations, comme le montrent par exemple les débats autour des compteurs intelligents. D’où notre démarche de tirer des enseignements de ce qui se passe dans le monde : les pistes innovantes de collaboration avec la population, la réinvention des modes de financement et de contractualisation, etc.

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