Sonia Lavadinho : «Travailler les carrefours, installer des ruisseaux de fraîcheur et végétaliser les rues autour des parcs existants»

Le 11 juin 2023

Anthropologue urbaine, Sonia Lavadinho s’intéresse au facteur humain et comportemental et à l’impact des mutations des modes de vie sur le futur de nos villes. Elle a fondé Bfluid, un cabinet spécialisé dans la recherche et prospective en mobilité et développement territorial durables.

Lavandinho S., Le Brun-Cordier P. et Winkin Y., La ville relationnelle, 2022, Bfuid éditions.

Vous venez de publier un ouvrage intitulé La ville relationnelle. À quoi cette ville s’oppose-t-elle ?

La ville fonctionnelle, que nous connaissons aujourd’hui, traite des questions techniques telles que la circulation routière avec les feux rouges, la logistique, la gestion des déchets, etc. Or, cette ville fonctionnelle, héritée du XXème siècle, est très peu accueillante pour le corps humain en mouvement au sens large, qu’il s’agisse, par exemple, de marche ou de déplacements à vélo. Elle ne favorise guère les rencontres, qu’elles soient formelles ou informelles, alors que, c’est une première dans l’histoire de l’Humanité, cinq générations cohabitent au même moment !

Ces « signaux faibles » de la société, pour reprendre le langage de certains sociologues, ne sont pourtant guère pris en compte par les politiques urbaines… Comment modifier cela ?

Un changement de paradigme est nécessaire pour mettre fin à celui de la vitesse qui caractérise la ville fonctionnelle, où les habitants sont sur-stressés, et laisser la place au paradigme de l’urbanité, à savoir celui des questions sociales afin de prendre, par exemple, en compte l’inclusivité des publics et la cohérence intergénérationnelle.

Les élus sont aujourd’hui en retard par rapport aux souhaits de la population, notamment sur la végétalisation des villes, pour répondre aux enjeux climatiques.

Justement, que préconisez-vous aux décideurs publics que vous rencontrez ?

Je prendrai trois leviers d’action. Travailler les carrefours : ces espaces publics doivent être réaménagés pour en faire des lieux vivants alors qu’ils sont des lieux de dangers et de stress pour tout le monde, quel que soit son mode de transport. Bâle a commencé à opérer de tels changements en enlevant des feux de signalisation, en y réduisant la vitesse à 20 kilomètres, etc. Installer des ruisseaux de fraîcheur : il s’agit de réaménager de grandes avenues afin de se déplacer plus aisément d’un quartier à un autre en y réduisant la vitesse, en plantant des arbres et amenant de l’eau comme dans l’avenue Garibaldi à Lyon. La deuxième peau des parcs : végétaliser les rues autour des parcs existants pour augmenter la portée des parcs, ce qui est bon pour la santé des habitants et donne plus de place aux plus fragiles, enfants et seniors, dans la ville. Ces mesures devraient contribuer à l’avènement de la ville relationnelle d’ici à la fin du siècle !

Je prendrai trois leviers d’action. Travailler les carrefours, installer des ruisseaux de fraîcheur et végétaliser les rues autour des parcs existants.

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