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Transformation publique : regardons vers l’Ouest !

Ville de Montréal
Le 14 janvier 2020

En France, aucun agent public ne peut échapper aux (chants des) sirènes de la transformation publique. Il faut changer le fonctionnaire (en contractuel), faire évoluer l’action administrative (en service) et rendre efficientes nos organisations (en réduire les coûts). Avec la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), l’association FP21 est partie voir ce qu’il en est pour les agents du Québec.

Plusieurs ministères québécois nous ont présenté leurs nouveaux plans de performance sur la base d’objectifs, d’indicateurs et de nouveaux outils de gestion avec l’idée que l’organisation et la communication redonneront du sens aux missions des agents. Or, les agents savent ce qu’ils doivent faire pour défendre l’intérêt général et ils savent aussi quand leurs objectifs ne vont pas dans cette direction. Expliquer ne redonnera pas du sens.

Redonner du sens, c’est orienter nos missions en faveur des citoyens.

On a reconnu une autre tendance au Québec : l’approche usager. Leur servicepublic.fr “quebec.ca” réunit tous les sites publics (sauf celui des impôts d’après un chauffeur de taxi local qui m’a confié ses galères pour payer les dits impôts), construit son arborescence et ses contenus avec les usagers et du coup favorise la coopération entre services administratifs. Cependant avec l’approche usager, on performe sur le service rendu mais on ne s’améliore pas sur la place du citoyen dans nos politiques publiques. Sur quebec.ca, 98% des visites concernent le volet services et informations. Et 2% concernent, les politiques et les dispositifs des administrations. Pourtant, l’action publique, ce n’est pas un service public. C’est beaucoup plus (que 2%) : ordre public, domaine public, marchés publics…

Si on veut vraiment satisfaire un usager alors ouvrons-lui l’ensemble de nos politiques, et pas seulement la manière dont on lui délivre un service.

Prenons l’exemple du travail de Présâges dans les établissements d’accueil des personnes âgées. Il ne s’agit pas de détruire puis de reconstruire un bâtiment flambant neuf mais de travailler à la mise en commun d’un bâtiment d’accueil avec la communauté du quartier dans lequel il est implanté depuis des années. Il ne s’agit pas non plus à créer plus de loisirs mais de repenser l’endroit comme un lieu de vie normal en supprimant les uniformes et les chariots des professionnels, les boîtes à pharmacie dans les chambres, en associant les résidents au pliage de leur linge ou aux courses. Ils créent un quartier des générations autour de l’établissement en y introduisant une bibliothèque mobile, un marché d’été, un coiffeur, un café !

Si l’action administrative c’est défendre l’intérêt général, celui de la communauté des citoyens, travaillons sur les logiques sociales qui structurent notre société.

Rendons l’action publique attentive à toutes les discriminations (genre, race, classe, génération, handicap, orientation sexuelle, statut socio-économique …) que l’on vit comme agent et comme citoyen. La Ville de Montréal l’a bien compris en donnant une visibilité aux enjeux de discriminations et d’intersectionnalité de celles-ci. On n’en a pas fini avec les indicateurs ni les post-it, alors choisissons au moins ce qu’on a vraiment envie de leur faire dire.

En regardant vers l’Ouest, on y a trouvé un miroir des dérives de nos politiques de transformation publique mais aussi du meilleur de ce qu’on connaît en matière d’innovation publique. On est repartis en disant qu’on avait trouvé de nouveaux alliés pour faire le monde d’aujourd’hui.

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