Christian Proust : «Les citoyens doivent s’impliquer pour transformer la démocratie»

Christian Proust
Le 27 juin 2022

Après une vie au service des territoires, Christian Proust est l’auteur de deux livres à propos des collectivités locales : Oser s’impliquer dans la vie politique locale1 et Oser s’impliquer pour transformer la démocratie2. Ils retracent son travail d’observation des collectifs citoyens qui s’engagent dans leurs territoires.

De Poitiers à Annecy, Christian Proust évoque les invariants de réussite et les nombreux bâtons dans les roues que ces (courageux) pionniers ont pu rencontrer. Objectif : pousser le plus grand nombre de personnes à franchir le pas de l’engagement.

Avec nous, il revient sur l’actualité en analysant la campagne présidentielle qui vient de se terminer et les enseignements que l’on pourrait tirer d’initiatives locales pour subjuguer notre démocratie.

BIO EXPRESS

1978Directeur de centres sociaux

1991Secrétaire de mairie

1998Chargé de mission puis directeur territorial

2009Directeur général adjoint des services d’un département

2014 et 2015Candidat aux élections municipales et départementales

2018Parution d’Oser s’impliquer dans la vie politique locale

2021Parution d’Oser s’impliquer pour transformer la démocratie

Quel regard portez-vous sur la campagne présidentielle qui vient de s’écouler ?

Nous avons eu une très mauvaise campagne avec un résultat très inquiétant. Déjà, il me semble que les abstentionnistes sont trop nombreux pour ne pas être mieux considérés et écoutés. Je pense qu’en France, nous n’arrivons pas à comprendre l’esprit de ce que pourrait être une coalition. D’autres pays font beaucoup mieux. Même si c’est vrai que notre système, et donc l’élection présidentielle, ne la favorise pas. En Allemagne, les candidats savent dès le départ que c’est une course de relais : cela change tout ! Il n’y a pas forcément besoin de changer les institutions. Les pratiques politiques doivent évoluer, surtout à la lumière des résultats désastreux des principaux partis politiques. Si on regarde du côté de la gauche française, on a pu voir que les partis n’ont pas autorisé la discussion. Pour certains cela va de soi et pour d’autres cela créerait des divergences trop compliquées pour l’avenir. Plus personne ne se parle. Les Gilets jaunes ont confirmé que les citoyens n’en peuvent plus de ces pratiques. Tout le monde semble sourd. Je crois qu’il faut inventer une autre manière de faire de la politique, en dehors des partis pour arriver à faire société, notamment à l’échelle locale. Ce qui se fait à l’échelle locale doit pouvoir être fait au niveau national. Là, on a plus l’impression que c’est tout l’inverse.

Il y a des paradoxes importants. Nous devons travailler pour les résoudre. De nombreux jeunes participent aux marches pour le climat, pourtant, leur taux d’abstention est grand. C’est problématique. Notre démocratie représentative est à l’agonie. De manière chiffrée, prenez l’exemple des députés : ils sont élus par moins de 20 % des gens en âge de voter dans leur circonscription. C’est complètement dingue. Un président de région peut gagner la majorité absolue avec 13,5 % des votes des inscrits. Au bout du compte, nous avons des élus qui sont légitimes, mais notre démocratie n’est plus représentative. Les Français, et notamment les jeunes, ne peuvent que s’en rendre compte. Nous devons prendre en compte que les abstentionnistes ne sont pas des mauvais Français. Ce sont des gens qu’il faut écouter. Ils portent une contestation de notre système démocratique.

Je crois qu’il y a énormément de gens en France qui n’osent pas s’impliquer. Ils ne se sentent pas capables. Et si on caricature, ceux qui sont volontaires sont des hommes blancs de plus de 50 ans, CSP+. Cela complique notre représentativité, car certaines personnes s’impliquent moins. Il y a une séparation entre les abstentionnistes et le système politique aujourd’hui. Chacun vit à côté de l’autre. J’ai donné une conférence il y a quelques jours dans la commune de Saint-Médard-en-Jalles en Gironde, le maire a eu une phrase très juste : « On parle souvent de la défiance des citoyens envers la politique alors qu’il faudrait inverser le problème. En réalité, ce sont les politiques qui ne font plus confiance aux citoyens. »

Je crois qu’il faut inventer une autre manière de faire de la politique, en dehors des partis pour arriver à faire société.

Les clivages entre les différents partis sont très contestés par les citoyens. Les luttes de pouvoir ne sont plus supportées, qu’elles soient internes aux partis ou entre les différents mouvements. On n’est pas dans l’essentiel quand on perd du temps à ces idées-là. Aujourd’hui, on demande aux militants d’être de bons petits soldats, pour lutter contre les autres, on leur demande rarement d’être dans la réflexion : c’est dommage ! Plutôt que d’être dans une logique où l’on cherche ce qui peut nous rassembler, on est constamment en train de chercher ce qui peut nous opposer. Le mot « opposition » a beaucoup de sens à de nombreuses échelles. Si on prend le sens même du terme, dans une mairie, l’opposition, en la caractérisant ainsi, vous lui donnez le rôle de s’opposer, alors que c’est simplement une minorité. Ce sont des détails, mais qui, les uns associés aux autres, font que les gens ne s’intéressent plus à la politique. Attention, je ne suis pas contre les partis, mais depuis une dizaine d’années, ils sont devenus une caricature de ce pour quoi ils ont été créés. Pourtant, les enjeux sont très importants.

Comment réussir à faire entrer de nouvelles personnes en politique ?

Il faut accepter l’idée, qui n’est pas agréable, que, depuis plusieurs dizaines d’années, les élus se sont imprégnés d’une culture. Elle est basée sur une organisation pyramidale et une relation relativement autoritaire. Je ne pense pas que cela soit souhaité par les citoyens. Il faut donc arriver à donner un espace à celles et ceux qui souhaitent construire une autre culture, basée sur d’autres valeurs. C’est la base de mon travail. Je suis tombé dedans complètement par hasard : en 2014, une liste citoyenne est venue me chercher pour travailler avec eux. Je ne connaissais même pas l’expression à l’époque : j’ai découvert un monde totalement embryonnaire, avec quelques pionniers. Il a pris beaucoup d’élan entre 2014 et 2020, et j’ai vu de nombreux collectifs citoyens se lancer. Si on prend l’exemple de la ville de Chambéry, ils étaient quatre autour d’une bière, ils se sont retrouvés à une centaine. Leur idée n’était pas forcément d’aller jusqu’aux municipales, ils souhaitaient réfléchir aux idées pour faire différemment. Aujourd’hui, ils sont aux commandes de la ville. À Toulouse, ils ont vite été des milliers. Souvent, ce sont des gens qui ne se connaissent pas au départ, ou peu. Puis la situation évolue. C’est très intéressant d’observer comment. Quelles sont leurs hésitations et leurs embûches ? Il y a souvent beaucoup de doutes. Mais finalement, ils aboutissent à la même conclusion : il faut changer les pratiques.

On peut résumer la culture développée par ces collectifs citoyens sur trois idées nouvelles. D’abord, le partage du pouvoir. Il n’y a pas la logique d’un grand chef avec autour de lui des personnes qui font office de pots de fleurs. La deuxième idée, c’est la transparence. On dit ce que l’on fait et on fait ce que l’on dit. Et si ce n’est pas le cas, on dit pourquoi. Enfin, ils ajoutent la participation de la population aux affaires de la ville. Ce sont trois idées totalement inhabituelles.

Une des étapes importantes est celle de la création du programme. Les collectifs citoyens le font avec de nombreuses personnes. Ils vont à la pêche à la réflexion et au partage. Leur programme est donc basé sur une réelle implication des citoyens. Autre élément qui change, la désignation de la liste qui représentera le collectif à l’élection. Prenons l’exemple de Poitiers, sur la liste des candidats désignés par l’assemblée citoyenne, 60 % n’avaient jamais eu d’engagement politique. À Chambéry, c’est 72 %. Et à Saint-Médard-en-Jalles, c’est 92 % ! C’est pour cela que quand on dit que les Français ne s’intéressent pas à la vie politique, cela me fait doucement rigoler.

Je pense que par rapport aux enjeux que nous avons aujourd’hui, si les élus ne sont pas les chefs d’orchestre de l’implication citoyenne, nous allons perdre en efficacité. Les élus ne pourront rien faire seuls !

Pour passer de l’échelon local au national, le problème se situe principalement au niveau du temps. Si on imagine une seule seconde qu’il y a une nouvelle culture plus démocratique au niveau des communes, on peut imaginer que ces personnes-là voteront pour des personnes différentes au Sénat. Or, dans notre système institutionnel, si vous voulez changer les règles du jeu, vous avez intérêt à changer les joueurs. Progressivement, vous allez donc insuffler une nouvelle culture au niveau national. Ce qui est certain, c’est que la culture actuelle est très ancrée. Il faudra des dizaines d’années pour réussir à changer. Je ne crois pas beaucoup au référendum, mais je ne crois pas non plus au changement constitutionnel qui viendrait via une entente entre le Sénat et l’Assemblée nationale. C’est le meilleur moyen pour le système de bloquer le système.

Livres de Christian Proust

Comment les collectivités publiques peuvent-elles endosser la responsabilité d’intégrer celles et ceux qui se sont éloigné·es de notre système démocratique ?

Il est intéressant d’observer les collectivités issues de collectifs citoyens. L’objectif est de déterminer ce qui a été mis en place concrètement. Prenons l’exemple de la ville de Saint-Médard-en-Jalles. Dans cette commune de plus de 30 000 habitants, ce sont 12 élus qui seront chargés de la participation citoyenne. Ce n’est pas rien. C’est à des niveaux différents. Certains sur des quartiers, d’autres sur des politiques transversales, etc. L’idée est d’avoir des personnes ayant à rendre compte de cette mission de participation à travers leur mandat. Par la suite, la commune a mis en place des conseils de territoire. Ce sont des conseils de quartier. Six ont été définis. Ils sont organisés pour pouvoir répondre aux problématiques de chaque quartier, avec des moyens intégrés dans le budget participatif. Enfin, le troisième outil mis en place est la maison de la citoyenneté. C’est un lieu où les habitants peuvent débattre et proposer des idées. Il peut y avoir tout un travail d’accompagnement et de formalisation de projets pour qu’ils puissent voir le jour. L’idée est de prendre la main sur des projets qui favorisent le collectif et qui vont au-delà des intérêts individuels. Tout cela est suivi d’un conseil citoyen qui est construit avec des personnes en provenance des conseils de quartiers. Il a pour but de sélectionner, de prioriser et de faire avancer des projets issus du territoire. C’est donc l’organe des citoyens. Pour aller au bout du cheminement, il faut que les élus s’en emparent. Pour cela, ils ont mis en place un comité des projets de la ville. On y retrouve à la fois des élus et des membres des conseils citoyens. Les projets issus de la ville et des conseils citoyens passent dans cette instance. Elle décide d’une planification. La majorité a donc deux obsessions : ne perdre personne et ne rater aucune idée. Le tout avec le fil rouge des priorités fixées lors de la campagne.

Il y a une dernière chose fondamentale dans leur manière d’innover. Il existe des groupes thématiques. Si une cour d’école doit être réaménagée, celles et ceux qui le souhaitent peuvent participer à la concertation. Cela peut permettre à des parents d’élèves de participer à la vie de la ville uniquement à cette occasion. C’est encore une nouvelle forme d’engagement public. L’inclusion doit devenir obsessionnelle. Cela doit se ressentir jusqu’à l’organisation des services. Il faut embaucher des personnes dont la participation citoyenne est le métier. Quand les listes citoyennes ont dû passer par des alliances pour remporter une mairie, la question de l’inclusion démocratique a été la base des accords passés.

Il y a un changement de prisme. Auparavant, les élus avaient pour mission principale de bien gérer la commune. Je pense qu’il faut leur dire qu’ils doivent aussi réfléchir à l’état de notre démocratie. C’est pour cela que j’aime dire que les collectivités locales doivent « endosser la responsabilité d’intégrer celles et ceux qui sont loin de notre système démocratique ». Elles peuvent agir contre l’abstention en provoquant de multiples occasions de participer. Mais il ne faut pas faire cela avec angélisme. L’égalité de parole n’existe pas, nous devons mettre en place des outils pour permettre l’expression des gens. Il faut aussi les informer avant. Cela évitera que lors des débats, ils soient dans l’opinion spontanée. Il faut privilégier l’opinion construite. Même à l’échelle d’une commune, cela nécessite de dépasser ce que j’appelle la timidité sociale. C’est riche et intéressant, car chacun possède des expertises d’usage. Elles sont oubliées dans le quotidien alors qu’elles sont fondamentales. Chacun peut apporter une valeur ajoutée au débat. Les échanges entre les habitants permettront à chacun de se faire une opinion.

Comment le tirage au sort peut-il permettre de redynamiser la vie locale ?

Le tirage au sort est une idée très éloignée des méthodes actuellement utilisées par nos politiques. C’est assez curieux, car dans toute l’histoire de la démocratie, depuis des siècles, le tirage au sort a eu sa place. Les Français ont parfois l’impression que leur système démocratique est le seul possible. C’est faux. Le tirage au sort peut être utilisé pour de nombreuses situations. En France, nous l’utilisons pour les jurés d’Assises. Il est également très utilisé par les différents collectifs citoyens qui se créent. À Toulouse, par exemple, le collectif citoyen a créé trois groupes : un avec des volontaires, un avec des gens plébiscités et un avec des personnes tirées au sort.

À Poitiers, un exemple très intéressant est en cours : la ville est en train de mettre en place une assemblée citoyenne et populaire. Elle devrait compter 150 personnes. Actuellement, 100 personnes sont en train d’être tirées au sort pour y participer. C’est paradoxal, mais le tirage au sort permet d’avoir, au bout du compte, une assemblée beaucoup plus représentative. Le hasard et les critères de tirage au sort en sont les garants. C’est ce qu’il s’est passé avec la convention citoyenne, nous avons eu une sorte de France miniature. Ce n’est pas le cas de notre Assemblée nationale. L’assemblée citoyenne va pouvoir se saisir d’un sujet par an. Il sera automatiquement passé en conseil municipal.

Le deuxième intérêt du tirage au sort, c’est la possibilité de dépasser la timidité sociale. En allant chercher les gens, vous leur permettez de dépasser le fait de ne pas se sentir capable de s’engager. Dès qu’il y a un tirage au sort, nous remarquons que cela tombe sur des personnes qui n’auraient jamais fait la démarche de s’inscrire. Elles sont très fières d’avoir été choisies et elles vont s’investir encore plus que les autres. Cette forme de sélection est donc très intéressante même si rien n’est idéal. Il faut aussi être vigilant à accoler au terme « tirage au sort », le mot « volontaire ». Il n’est pas question de rendre un tirage au sort obligatoire comme dans la situation des jurés d’Assises. Cela fait donc un système avec des volontaires tirés au sort, qu’il ne faut pas confondre avec le tirage au sort parmi des volontaires.

Je crois que si les anciens partis n’aiment pas le tirage au sort, c’est qu’il permet de sortir de la logique de l’adoubement. Généralement, au sein des partis, quand une place se libère, la question de la représentativité de la nouvelle personne n’est pas interrogée. Le tirage au sort fait exploser cette idée de la « sélection naturelle » des partis politiques. Les personnes en place ne peuvent donc pas être enthousiastes à l’idée d’utiliser cette formule.

Dans le même ordre d’idées, dans les collectifs citoyens, la désignation de la tête de liste est réalisée sans candidature. Cela enlève la logique de pouvoir. C’est le pouvoir collectif avant le pouvoir individuel. Si on écoute les abstentionnistes, on peut entendre cette idée de ne pas faire de la politique telle qu’elle est aujourd’hui. Concrètement, cela veut dire qu’ils ne veulent plus d’organisation pyramidale. Quand je vois que certains parlementaires souhaitent revenir sur les obligations de non-cumul des mandats, je me dis qu’ils n’ont rien compris. Les Français ne souhaitent pas avoir des professionnels de la politique. Nous devons travailler à une démocratie permanente.

Quelles sont les difficultés majeures à dépasser pour favoriser l’inclusion démocratique ?

L’abstention est une calamité pour notre démocratie. Pour redonner confiance aux citoyens et qu’ils franchissent la porte du bureau de vote, il faut leur donner envie de démocratie. Pour cela, nous avons évoqué ensemble les modifications fondamentales qu’il fallait entreprendre dans le fonctionnement de nos institutions, dans la manière de faire la politique, ainsi que la responsabilité que pouvait avoir une commune pour favoriser ou non cette inclusion. Une collectivité peut multiplier à l’envi les occasions d’implication citoyenne : consultation, concertation, co-construction, codécision, etc. Pour habituer les gens à se préoccuper des affaires publiques et de l’intérêt général, pour constituer une sorte de « sas de décompression » qui favorise une relation élus-habitants apaisée et donc pour les voir ou les revoir dans l’isoloir… Mais il y a (au moins) trois difficultés majeures qu’il faut affronter.

Le premier problème est celui de la non-égalité des citoyens, nous en avons déjà parlé. Il est impératif de faciliter l’accès à la parole en utilisant des techniques d’animation pour mieux décider tous ensemble. Il faut aussi faciliter l’accès au savoir : par des apports techniques (services, experts, etc.) en se souciant de l’approche pédagogique. Il ne s’agit pas d’écraser les gens sous des montagnes de savoir qui les confortent dans l’impression « de ne pas être capables ».

Le deuxième souci est lié au fonctionnement vertical d’une collectivité (le cloisonnement des agents et entre les agents et les élus). C’est un handicap qu’il faut atténuer. Les administrations des collectivités fonctionnent toujours par « silos », c’est-à-dire fortement cloisonnées, généralement organisées autour des compétences : urbanisme, social, écoles, patrimoine, etc. Or, l’inclusion démocratique ne peut se faire que si tout le monde s’en préoccupe à l’intérieur de l’institution : c’est une ambition fondamentalement transversale qui doit être partagée par tous. Comment le garantir ? D’abord, l’afficher politiquement avec force et clarté : ce qu’a fait la ville de Poitiers, par exemple, en donnant à sa première adjointe la délégation à la démocratie locale, à l’innovation démocratique et à l’engagement citoyen. Pour « traverser » les cloisons, il est essentiel d’avoir un personnel spécialisé (chargé de mission ou cadre en charge de la participation citoyenne) pour accompagner élus, agents et citoyens au quotidien sur ces enjeux forcément nouveaux. Il peut être aussi très utile que l’ensemble du projet d’administration, (une sorte de contrat entre l’administration et les élus porté par le directeur général des services), soit imprégné par cette volonté d’implication citoyenne afin que chaque agent de chaque service, dans le métier qui lui est propre, trouve des applications concrètes à cette volonté politique. Enfin, pour renforcer cette capacité à agir pour la participation citoyenne, il faudra probablement, tant pour les élus que pour les agents (le mieux étant probablement de l’effectuer en groupes mixtes), des actions de formation « à la participation citoyenne ».

Enfin la démocratie a un prix ! Outre les frais de formation évoqués précédemment et l’emploi de personnel spécialisé (on peut l’envisager à l’échelle intercommunale pour les petites communes… si l’intercommunalité considère que c’est un enjeu !), il faut absolument penser à l’accès des citoyens sur le plan économique. Il ne faut en aucun cas que l’implication citoyenne « coûte » aux habitants : il faut donc penser garde d’enfants, frais de déplacement et de restauration, et si le temps de travail nécessaire à leur participation impacte l’emploi des intéressés, prévoir une indemnité compensatrice (c’était 83 euros brut par jour de travail effectif pour la convention nationale pour le climat, le « tarif » juré d’Assises, des collectivités vont se caler sur ce principe). C’est à ce prix-là que l’inclusion démocratique peut s’envisager et que l’on peut donner « envie de démocratie » à tous, quels que soient les moyens économiques et culturels des habitants.

1. Proust C., Oser s’impliquer dans la vie politique locale. La démocratie vous appartient !, 2019, Rue de l’échiquier.

2. Proust C., Oser s’impliquer pour transformer la démocratie. Des collectifs citoyens passent à l’acte. Valeurs, méthodes, outils, 2021, Rue de l’échiquier.

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