Les futurs hauts fonctionnaires en mode hackathon

Hackathon Ena
Le 17 juin 2021

Durant une semaine, en février 2021, 185 élèves et étudiants de l’École nationale d’administration (ENA)1, de l’Institut national des études territoriales (INET) et de l’école référente de l’expertise informatique, du digital et de l’innovation (EPITECH) se sont emparés des méthodes d’innovation publique le temps d’un hackathon pour « appréhender différemment les défis de notre société ».

Depuis 2017, une chaire Innovation publique, dont les activités2 portent sur les « transformations des administrations et des services publics », a été créée à l’ENA, en partenariat avec l’École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI). Sa mission : sensibiliser les futurs hauts fonctionnaires aux méthodes de l’innovation publique (management de l’innovation, nouveaux dispositifs et modes de travail pour l’innovation, innovation en mode start-up, intrapreneuriat), au numérique (gouvernance, données, design UX) et aux approches participatives (l’innovation à partir des usages, le « nudge », design participatif et démocratie participative).

Pour expérimenter ces méthodes, rien de mieux que l’immersion et le terrain au contact des usagers ou des agents publics, en mode écoute et apprentissage. C’est souvent la meilleure école ! C’est ce qu’ont expérimenté durant leurs stages (avec un temps dédié d’immersion) puis pendant cinq jours, sous la forme d’un hackathon, en février 2021, les 185 élèves en formation à l’ENA et l’INET, et en partenariat avec EPITECH.

Le but de la manœuvre ? Former des équipes mixtes, coachées par des designers et spécialistes des sciences comportementales, pour co-construire, à partir des données récoltées au plus près des usagers sur le terrain, des solutions autour de 22 défis de politiques publiques.

Malgré le contexte sanitaire, qui a obligé pas mal d’élèves à recourir à la visioconférence pour réaliser leurs enquêtes usagers, six prototypes lauréats ont été sélectionnés par le jury composé de l’équipe pédagogique de coordination, de designers, de chercheurs en sciences comportementales et présentés devant des spécialistes de l’innovation publique lors d’une séance de restitution.

Pour Sarah Fosse, responsable de la mission innovation publique et numérique à l’ENA, « le recours aux sciences comportementales et au design de service, la capacité à travailler en collectif, l’intégration des recommandations des mentors et la qualité du livrable ont été des critères déterminants dans le choix des projets lauréats ».

Parmi les projets lauréats, on trouve :

  • Jelèveledoute.fr, une plateforme numérique pour aider les enseignants du premier degré à mieux repérer les signes de l’autisme à l’école ;
  • CommercE-Proche, une plateforme numérique pour accélérer la numérisation des commerces de proximité ;
  • un service d’accompagnement pas à pas pour les jeunes parents avant et après la naissance de l’enfant ;
  • une application numérique pour simplifier les démarches des commerçants de proximité ;
  • un dispositif pour faciliter les démarches de rénovation énergétique des propriétaires de logement ancien ;
  • une solution pour repenser l’expérience utilisateur du paiement des impôts chez le buraliste grâce à une nouvelle borne de paiement acceptant les espèces et la carte bleue.

Des solutions que l’on retrouvera peut-être un jour déployées à grande échelle par les services de l’État dans les territoires ? Le mérite de cet exercice collectif est d’avoir en tout cas acculturer nos futurs hauts fonctionnaires aux méthodes et aux outils issus du design, des sciences comportementales et du numérique avec une dimension très opérationnelle et très concrète centrée autour de l’usager. Un bagage devenu indispensable pour mener à bien leurs futures missions de service public.

  1. Rebaptisée « Institut du service public » (ISP) à partir du 1er janvier 2022.
  2. Depuis 2020, Polytechnique et Sciences Po Paris ont rejoint la chaire.
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