Une application pour reconnecter citoyens, lois et parlementaires

Capture de l’application sur smartphone.
©Source : Présentation NosLois.
Le 13 septembre 2021

Lancée en mars 2021, l’application NosLois vise à réunir en un même lieu l’information sur les projets de loi et un outil permettant au citoyen de donner son avis et ainsi de participer à la vie démocratique. Créée en Australie par Erik de Boisgrollier, elle entend apporter une réponse à un constat partagé au-delà des frontières françaises : la perte de confiance des citoyens dans la démocratie.

« La perte de confiance dans la démocratie est une tendance mondiale. On cherche des solutions locales mais les schémas sont les mêmes partout comme les réponses. Les gouvernements ont fait des efforts en rendant l’information plus accessible avec l’open data mais la société civile n’a pas vraiment répondu », explique d’emblée Erik de Boisgrollier, fondateur de l’application NosLois avant d’ajouter qu’un centenaire n’aura été appelé à se rendre aux urnes pour les élections législatives que seize fois dans sa vie, un chiffre qu’il estime bien trop faible : « Les projets de loi catalysent la contestation populaire. Ces dix dernières années, on a connu énormément de protestations à l’échelle mondiale, que ce soit au Chili, à Hong Kong, en France, avec un point commun : la création des lois, précise-t-il. »

Autre constat, paradoxal, alors que la majorité des Français déclare ne pas faire confiance à Twitter, Facebook et Linkedin, ils restent des outils très utilisés par les parlementaires.

Avec NosLois, Erik de Boisgrollier cherche à rétablir la confiance entre les citoyens et leurs représentants. Comment ? En rendant accessible l’information sur les projets de loi, les textes tels que présentés par les porteurs de projets au monde parlementaire. Cette version « vulgarisée » légitime puisqu’elle provient du porteur de projet, peut être lue ou écoutée (toutes les textes sont traduits dans un format audio). De l’information factuelle, sans fil de discussion ouvert pour éviter toute dérive conspirationniste. L’utilisateur peut voter (pour, contre, s’abstenir), envoyer des mails à son sénateur ou député, réagir à une question posée par un parlementaire. En fonction du thème traité, l’élu peut, de son côté, poser des questions à un public déterminé : médecins, agriculteurs, étudiants, retraités, etc. Gratuit pour le citoyen, l’accès à l’application est payant pour le parlementaire (une centaine d’euros par mois).

Pour l’heure seuls sept parlementaires se sont inscrits, à l’image d’Henri Cabanel, sénateur de l’Hérault : « J’avais adhéré à une plateforme nationale, aujourd’hui disparue, pour la co-construction d’une loi sur le statut de l’élu. Face à l’abstention, accélérée par la pandémie, toutes les initiatives sont bonnes pour recréer la confiance des citoyens vis-à-vis de leurs élus. L’application me permettra d’avoir une idée de ce que les citoyens de mon territoire pensent des projets de lois. »

Grégory Labille, député de la cinquième circonscription de la Somme fait partie des récents entrants dans l’hémicycle1. Anciennement maire d’une commune de 5 000 habitants, il a toujours privilégié la communication avec ses administrés, notamment en organisant des réunions publiques et en sollicitant l’avis des habitants. « Enseignant pendant trente ans, directeur d’une école maternelle, coordinateur d’une zone d’éducation prioritaire j’ai toujours eu le souci de la pédagogie, raconte-t-il. » Surpris par la forte abstention lors des dernières municipales et les faibles taux de participation aux présidentielles, il appréhende les prochaines échéances électorales : « Le politique s’éloigne de plus en plus des citoyens. Je ne veux pas attendre la fin du mandat, c’est pourquoi j’ai pris le parti de trouver une solution pour recueillir l’avis des administrés au fur et à mesure. » Il compte 33 « followers » de sa circonscription, pour l’heure un chiffre insuffisant, raison pour laquelle il continue d’organiser l’outil de sondage sur Facebook. À terme, il aimerait pouvoir se servir plus amplement de l’application : « Pour un projet de loi sur la procréation médicalement assistée (PMA) ou la protection de l’enfance, au-delà de la position des citoyens je veux connaître les raisons de leur vote dont je pourrais me servir dans un argumentaire. » Il considère que l’application pourrait toucher une partie des jeunes abstentionnistes (75 à 80%), et peut-être changer la donne de la prochaine élection présidentielle.

Le 9 juillet 2021, NosLois annonçait avoir été retenue par le centre pour l’entrepreneuriat de Sciences Po. Elle a rejoint l’incubateur pour une période de douze mois et bénéficiera d’un accompagnement financier, commercial, juridique et comptable pour participer à son développement tout comme une centaine d’autres startups l’ayant précédée.

D’ici la prochaine élection présidentielle, une nouvelle fonctionnalité offrira la possibilité au citoyen de mesurer la compatibilité avec son député et son parti politique, sur la base des votes factuels dans les chambres. L’objectif à terme sera de permettre au citoyen de dresser le bilan du mandat en s’appuyant sur les bilans des députés et sénateurs qui devraient être publiés dans les prochains mois.

En attendant, le défi pour l’application consiste à réunir le maximum de parlementaires afin de devenir un outil de premier plan dans le paysage politique français. « Nous aimerons inviter un maximum de parlementaires à rejoindre l’expérience pour que NosLois devienne une voix de consultation évidente dans le paysage politique français. Ainsi on pourrait savoir si un projet ou proposition de loi est plébiscité ou au contraire rejeté par la population, conclut Erik de Boisgrollier. »

Capture de l’application sur smartphone.

  1. Son entrée dans l’hémicycle date d’octobre 2020.
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