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ExpertisesL’école hybride est née
L’Unesco a alerté les gouvernements dès le 31 août dernier : seul un élève sur trois sera sur les bancs de l’école dans le monde en cette période de rentrée. On peut s’attendre à ce que notre pays, grande puissance économique mondiale, fasse mieux sur ce point que la moyenne des autres pays et il le fait. En France, l’école hybride est née le 2 septembre 2020, de façon discrète, modeste, en des lieux épars et en tout petit nombre. Depuis, elle se développe très lentement, mais de façon régulière et sans doute irréversible. Ce n’est pas un cri de joie de ma part, mais un simple constat.
J’ai tenu à publier ma précédente chronique fin août[1], avant la traditionnelle conférence de presse du ministre qui entamait sa quatrième rentrée scolaire accompagnée d’un nouveau protocole sanitaire annoncé pour le 26 août. L’école hybride est apparue ce jour-là dans les propos du ministre et l’expression fut reprise dès le lendemain dans des déclarations des syndicats et des journalistes. L’objectif en est clair : que chaque enfant soit, d’une façon ou d’une autre et quel que soit le lieu, pris en charge à temps plein dans ses apprentissages et son éducation, avec l’appui de ses parents, des collectivités territoriales et des associations. Qui peut ne pas partager un tel objectif ? Reste à savoir s’il est suffisant aux yeux de ceux à qui importe l’école républicaine à la française, « l’école d’avant ».
Comme cela n’a pas été anticipé pendant le temps des vacances scolaires et que l’été a misérablement été perdu pour le bénéfice des élèves, il s’agit maintenant, un peu tardivement, de tout préparer en catastrophe, d’imaginer ce que certains appellent « l’école d’après[2] » même si nous en sommes encore loin, en nous demandant ce qu’il faut garder et ce qu’il faudrait changer par rapport à « l’école d’avant ». Pour le moins, il est sûr que l’autonomie acquise par tous, élèves compris, et la personnalisation des parcours qui leur furent proposés marqueront la période qui vient. La nouvelle école sera forgée directement sur le terrain par les enseignants qui devront progressivement « changer de logiciel ». La vie est dure ! Non seulement la crise sanitaire est encore là, mais elle poursuit son inquiétant développement et il faudra compter longtemps avec elle ; même les plus sceptiques du début commencent à en prendre conscience, C’est le cas, bien sûr, d’une partie des statuquologues qui en viennent à s’interroger sur « l’école d’après ». Mais si, mais si !