Maxime Blondeau : « Il faut porter la transformation écologique au cœur des entreprises et des administrations »

Maxime Blondeau
Maxime Blondeau a co-fondé le Printemps écologique, le premier éco-syndicat de salariés et agents publics, qui présentera des candidats et candidates lors des prochaines élections professionnelles de la fonction publique qui se tiendront le 8 décembre 2022.
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Le 19 avril 2022

Salarié pendant 10 ans dans le numérique et les ressources humaines, Maxime Blondeau a tout lâché en 2018 pour co-fonder le Printemps écologique, le premier éco-syndicat de salariés. Sa raison d’être ? Porter la révolution écologique et sociale à l’intérieur des entreprises et des administrations.

 

Aujourd’hui conférencier, formateur et consultant, ce Breton d’adoption récente, installé à Vannes à l’issue du premier confinement en mai 2020, intervient sur ce qu’il appelle l’anthropologie des technologies, l’évaluation des impacts socio-culturels de nos choix technologiques.

 

Il est aussi à l’origine de la démarche entrepreneuriale Sailcoop, une coopérative de transport de passagers à la voile, dont les premières traversées sont prévues en mai prochain. Il prépare les premières Rencontres de l’écologie et du travail les 29, 30 avril et 1er mai 2022 organisées à la Cité fertile à Pantin et les prochaines élections professionnelles de la fonction publique qui se tiendront le 8 décembre 2022.

Vous avez créé en 2018 le premier éco-syndicat nommé le Printemps écologique. Pourriez-vous revenir sur cette initiative et les objectifs de ce nouveau syndicat ?

L’idée de départ est d’utiliser le levier juridique du syndicat pour accélérer la transition écologique par la négociation collective et les élections professionnelles dans les entreprises et les administrations. Le Printemps écologique est un syndicat écologique de salariés. Sa raison d’être est d’outiller et de représenter les salariés pour qu’ils puissent être acteurs et actrices de la transformation de leurs organisations à travers le dialogue social et environnemental.

Tout a commencé avec le lancement de l’appel, en 2018, des centaines de personnes se sont manifestées, à Paris, Toulouse et Bordeaux principalement. La première année, nous avons d’abord engagé une exploration des réalités du paysage syndical et juridique. Ensuite, nous avons créée des éco-syndicats par secteur d’activité professionnelle, dans les services, le numérique, l’aéronautique, la métallurgie ou encore la fonction publique. 10 éco-syndicats se sont formés en mai 2021, sous la bannière de la fédération du Printemps écologique. Le niveau sectoriel suffit pour organiser des campagnes. La loi prévoit un délai d’attente de 2 ans pour pouvoir présenter des candidats, un délai qui arrive à échéance en mai 2022. C’est pourquoi, nous allons pouvoir présenter une première liste de candidates et candidats dès cette année et nous préparons activement les prochaines élections professionnelles de la fonction publique qui se tiendront le 8 décembre 2022.

Nous souhaitons à moyen terme nous implanter progressivement dans le paysage syndical, avec pourquoi pas la possibilité de construire des alliances pour peser à l’intérieur des entreprises, des collectivités locales, des opérateurs de l’État, des ministères…

Notre premier objectif est de signer des accords collectifs pour imposer par des contraintes et par la loi une accélération de la transition écologique et sociale dans les organisations publiques et privées. Deuxième objectif : revitaliser le dialogue social clairement en perte de vitesse, avec de nouveaux axes de travail pour réengager les salariés, les agents publics… Troisième objectif : construire des passerelles entre générations, jeunes et moins jeunes car l’urgence écologique ne doit pas être qu’une question de génération. Quel est le bilan et le chemin parcouru ? L'initiative a fait un sacré chemin : en deux ans, on a construit la structure syndicale.

Nous sommes aujourd’hui présents dans 22 secteurs d’activités (agroalimentaire, habillement, transports, métallurgie, bâtiments et construction…), et les trois fonctions publiques. Maintenant, on prépare les élections professionnelles de la fonction publique et le défi consiste à mobiliser les agents publics dans ces élections.

Vous organisez les premières Rencontres de l’écologie et du travail les 29, 30 avril et 1er mai à La Cité Fertile (Pantin) ?

En collaboration avec Ouishare, réseau international et collectif de réflexion et d’expérimentation critique, et LES COLLECTIFS, un réseau de professionnel.les-citoyen.nes engagé.es pour transformer les entreprises de l'intérieur, nous avons imaginé ces premières rencontres pour repenser le travail et reconnecter le monde des syndicats, des ONG et des salariés.

Nous aborderons trois grandes questions : comment organiser le travail pour faire face à la crise écologique et sociale ? Peut-on continuer à consommer sans surexploiter nos ressources humaines et naturelles ? Quelle place pour le travail dans une société juste et écologique ?

Nous souhaitons revaloriser l’importance du travail dans la transition écologique, la prise de conscience du consommateur est nécessaire mais pas suffisante, il faut provoquer une prise de conscience dans le travail. Ces rencontres sont aussi organisées dans un lieu symbolique : la Cité fertile, un tiers-lieu écoresponsable dédié aux enjeux de la la transition écologique en ville, installée à Pantin dans une ancienne gare de marchandises SNCF. Pendant trois jours, des milliers de professionnels et de citoyens sont attendus pour renforcer la responsabilité écologique, technologique et sociale de l’entreprise.

Vous vous intéressez aussi à la civilisation numérique et à l’écologie. Quelle est votre vision de la transformation numérique de la société, des administrations ? Transition écologique et transformation numérique sont-elles compatibles ?

C’est une question fondamentalement anthropologique qui porte plus sur les relations entre l’être humain et le monde, qu’il soit naturel ou culturel. Nos choix techniques et technologiques ont un impact sur notre existence et l’environnement dans lequel nous vivons. Qu’est-ce le numérique change à notre façon de nous déplacer, d’habiter, de nous nourrir, de travailler, de nous soigner ou d’apprendre ? La durabilité du numérique représente un défi immense pour l’avenir. Contrairement aux idées reçues, cette technologie n’est pas renouvelable et chaque minute de numérique est consommée pour toujours. Si la croissance actuelle est maintenue, l’usage des systèmes numériques deviendra vite insoutenable et un enjeu géopolitique. La sobriété apparaît donc comme la seule manière de sauver cette technologie et préserver les services essentiels qu’elle rend à notre économie et à notre société.

Le Printemps écologique est partenaire d’un cycle de formation à la comptabilité écologique - vers la prise en compte du vivant dans l’économie, porté par TEK4life et le Cabinet Kairos, acteurs de la réorientation vers des activités éco-compatibles. Horizons publics vient de sortir un numéro sur ces nouvelles approches, quel regard portez-vous sur cet enjeu de la comptabilité écologique ?

Je pense que cette nouvelle approche prend tout son sens si on se pose la question de l’évaluation des impacts sociaux et technologiques de nos choix techniques. Une organisation est toujours un système technique qui a une influence sur l’environnement. À l’aune de quels indicateurs peut-on prendre nos décisions ? Aujourd’hui, l’indicateur dominant est celui de la comptabilité financière. Il est temps de faire évoluer cette approche, en adoptant d’autres principes directeurs : la conservation de la biosphère, la sauvegarde des ressources naturelles, l’impact social du développement humain, une gouvernance plus ouverte… La mesure et l’évaluation de l’impact de nos activités sont cruciales comme conditions nécessaires à la transition.

Une première édition pour les Rencontres de  l'Ecologie et du Travail

Les vendredi 29 avril, samedi 30 et dimanche 1er mai 2022 se tiendront les premières Rencontres de l’Ecologie et du Travail à la Cité Fertile, à Pantin. Pendant trois jours, des milliers de professionnel.les et de citoyen.nes sont attendu.es pour enclencher la transformation écologique de l’entreprise.

Co-organisées par le Printemps écologique, premier syndicat écologique de salarié.es et Ouishare, réseau international et collectif de réflexion et d’expérimentation critique, les Rencontres de l’Ecologie et du Travail font le pari de l’engagement collectif dans le monde du travail pour une société juste et écologique.
Les origines de la crise écologique et sociale se trouvent au cœur d'un monde du travail que la logique productiviste et extractiviste a rendu aveugle aux limites planétaires. S’inscrire dans la tradition du premier mai était donc une évidence. Pour Anne Le Corre, co-fondatrice du Printemps écologique, 
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L'entreprise est un levier majeur de la transformation écologique. Notre rôle est de l’aider à se mettre en mouvement en créant des modèles vertueux avec celles et ceux qui la font.

Tables rondes, débats participatifs, rencontres et performances artistiques pour réfléchir et agir
A la Cité Fertile, une ancienne gare de marchandise transformée en QG de la transition écologique à Pantin, l’ensemble des participant.es issu.es d’univers variés se retrouveront pendant trois jours pour échanger, se rencontrer, découvrir des témoignages inspirants et repartir avec des outils pour agir dès le lundi au travail. La question de l’écologie et du travail sera explorée à travers le prisme de la production, de la consommation et du repos.

Vendredi 29 avril
Comment organiser le travail pour faire face à la crise écologique et sociale ?
Samedi 30 avril
Comment consommer sans surexploiter nos ressources humaines et naturelles ?
Dimanche 1er mai
Quelle place pour le travail dans une société juste et écologique ?

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