Marcel Guenoun : «Le New public management n'a pas réduit le poids des procédures bureaucratiques»

Le 26 juillet 2019

Pour Marcel Guenoun, directeur de l’Institut de la gestion publique et du développement économique (IGPDE), la fin du New management public (NPM) entraîne une refonte de la gestion administrative, plus participative, citoyenne et intégrée. Dans l'ouvrage collectif co-dirigé avec Nicolas Matyjasic, En finir avec le New public management, il brosse un bilan des effets positifs et négatifs du New public management. Selon lui, ce modèle technico-administratif est derrière nous et trois modèles sont aujourd’hui prégnants dans la transformation publique : la gouvernance digitale, la gouvernance participative et la gouvernance intégrée.

D’où est né l’ouvrage que vous publiez En finir avec le New public management2 ?

L’Institut de la gestion publique et du développement économique organise chaque année les Rencontres internationales de la gestion publique. Vu l’intérêt suscité par celles consacrées à la fin du New public management (NPM), qui se sont tenues en 2014 mais qui ont gardé toute leur actualité, nous avons sollicité des chercheurs de premier plan pour réfléchir plus avant sur cette question. L’idée était de réunir les meilleur·e·s spécialistes du sujet à partir de disciplines différentes : sciences politiques, sociologie, gestion et même psychanalyse ! Les textes se répartissent ainsi en trois catégories : tout d’abord, des recherches qui circonscrivent le NPM en analysant son origine, son contenu et sa portée sur les administrations, en France, en Europe et dans le monde ; ensuite des recherches qui énoncent les vices dissimulés et les effets imprévus du NPM et, enfin, des travaux qui explorent les formes que prennent ou pourraient prendre l’action publique après le NPM.

Quel bilan tirer de ce NPM ? Que faut-il garder ou rejeter ?

Clairement, cet ouvrage n’est pas une apologie du NPM et nombre de ses contributions soulignent certains de ses effets inattendus… pas forcément vertueux. Parmi les points positifs, on retient une amélioration des outils de gestion de la relation aux usagers et une meilleure formulation des objectifs stratégiques.

En revanche, plusieurs auteurs considèrent que le NPM n’a pas réduit le poids des procédures bureaucratiques, mais les a remplacés par d’autres fondées sur les mécanismes marchands.

Par-delà le rejet du NPM, l’ouvrage montre que certaines de ses caractéristiques vont durer tandis que l’obsession pour la fragmentation administrative (découper, réduire la taille des structures, créer des agences) est largement abandonnée aujourd’hui.

Sur quel modèle les managers du public s’investissent-ils aujourd’hui ?

Clairement, trois modèles se dégagent qui, après le New Public Management, sont aujourd’hui prégnants dans la transformation publique : la gouvernance digitale, la gouvernance participative et la gouvernance intégrée.

Ces trois modèles recherchent à produire de l’innovation publique par un meilleur usage des ruptures technologiques, par une meilleure utilisation des capacités des citoyens (budgets participatifs, co-production) et par une amélioration de la coordination administrative. Ces trois modèles, qui sont détaillés dans les différentes contributions des auteurs, tracent la feuille de route de l’avenir du management dans le secteur public.

Matyjasik N. et Guenoun M. (dir.), En finir avec le New public management, 2019, IGPDE.
  1. Institut de la gestion publique et du développement économique, opérateur de formation permanente du ministère de l’Économie et des Finances et du ministère de l’Action et des Comptes publics.
  2. Matyjasik N. et Guenoun M. (dir.), En finir avec le New public management, 2019, IGPDE.
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