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Projets alimentaires territoriaux : le defi de la production agricole locale

Le 3 mars 2025

Institué il y a dix ans, le dispositif des projets alimentaires territoriaux (PAT) vise à repenser l’agriculture et l’alimentation à une échelle locale. L’un de ses objectifs est de participer au renforcement de l’autonomie alimentaire des territoires, y compris ceux densément peuplés.

Instaurés en 2014 par la loi d’avenir de l’agriculture, l’alimentation et la forêt1, afin de relocaliser la production et la consommation alimentaire dans les territoires, les PAT ont vu, depuis 2021, leur déploiement s’accélérer partout en France. D’après les dernières données publiées, en octobre 2024, par le réseau national France PAT, on en compte désormais plus de 450 labellisés, dans l’Hexagone comme en Outre-mer. Portés le plus souvent par des collectivités territoriales, ils sont élaborés de manière collective en associant les professionnels de la filière agroalimentaire (producteurs, transformateurs, distributeurs, etc.), les acteurs publics, la société civile et les consommateurs. À partir d’un diagnostic initial, les PAT doivent permettre de définir un plan d’action opérationnel à mener pour répondre aux problématiques locales : soutien à l’installation d’agriculteurs, transition agro-écologique, restauration collective et cantines scolaires, éducation alimentaire, lutte contre le gaspillage, etc.

L’un des sujets centraux porte sur la capacité du territoire à être un espace de production alimentaire pour la population qui y vit. Autrement dit : y a-t-il assez de terres agricoles pour nourrir les habitants ? Afin d’accompagner l’essor des PAT et de répondre à ce type de question, l’association Les Greniers d’abondance a lancé, à l’automne 2020, un outil en ligne baptisé « CRATer » qui permet de diagnostiquer la résilience alimentaire des territoires. Il repose sur la combinaison de divers indicateurs, parmi lesquels la « surface agricole utile par habitant », c’est-à-dire le nombre de mètres carrés de terres agricoles disponibles pour chaque personne vivant sur le territoire. D’après les seuils retenus par CRATer, le régime alimentaire actuel d’un Français nécessite environ 4 000 m² de surface agricole par habitant. En dessous de 1 700 m², l’autonomie alimentaire est impossible, même en privilégiant un régime très végétal. L’application de cet indicateur montre que la surface agricole utile par habitant est inférieure à 4 000 m² dans près de la moitié des PAT existants, et inférieure à 1 700 m² dans quasiment un quart d’entre eux. Sans surprise, les territoires les plus densément peuplés et/ou urbanisés sont ceux qui manquent le plus de surfaces agricoles. Dans ces zones, un objectif supplémentaire est donc assigné aux PAT depuis la loi dite « Climat et résilience » de 20212 : « Participe[r] au renforcement de l’autonomie alimentaire locale et concour[ir] au développement de l’agriculture urbaine. »

  1. L. no 2014-1170, 13 oct. 2014, d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt.
  2. L. no 2021-1104, 22 août 2021, portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets.
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