Des frictions d’usages à leur résolution, la région Bretagne mise sur Ti Kub

Ti Kub
Locaux du Ti Kub, espace de travail collaboratif de 195 m2 implanté au 283 avenue général Patton, au siège du Conseil régional de Bretagne à Rennes .
©Caroline Ablain - Région Bretagne
Le 11 avril 2019

Des couloirs des administrations aux faces-à-faces musclés des usagers devant leurs écrans rétifs, nous rêvons tous d’une relation administrative plus fluide, tant sur internet que dans la vie quotidienne. Ti Kub va explorer cette contrée où les difficultés s’allègeraient…

En termes d’innovation publique, le numérique joue naturellement un rôle de locomotive. Mais l’impulsion technologique ainsi donnée, par sa faculté de démultiplication, par la facilitation offerte aux citoyens branchés, ne doit pas creuser un peu plus le fossé entre ceux qui suivent, ceux qui restent à la traîne et ceux qui n’ont manifestement pas envie d’y aller. « On ne peut pas reprocher à quelqu’un d’être rétif à internet », affirme en un clin d’œil Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne. C’est peut-être là toute la spécificité de Ti Kub, le nouvel incubateur de services numériques mis en place par la Région. Dans la foultitude des aires aux prétentions innovantes et que soutiennent les pouvoirs publics dans leur diversité, cet espace détonne et invite car il invite à revenir aux mots, tous pesés à l’angström.

« Imaginer de nouveaux services publics numériques régionaux et révolutionner leur mode de production : voilà la promesse du tout nouvel incubateur de services numériques Ti Kub. [Ce dernier] engage ainsi sa collectivité à faire un pas de plus dans la transformation numérique », peut-on lire dans le dossier de presse.

Devenez « intrapreneur »

Adossé au laboratoire d’innovation publique Ti Lab lancée en 2017, le Ti Kub est un espace de travail collaboratif de 195 m², situé à quelques encablures de l’Hôtel de Région.

Les personnes qui franchiront le seuil du Ti Kub le feront parce qu’elles ont une idée, une intuition, un problème à régler et qu’elles pensent que les services publics sont à même d’assurer ce rôle de couvaison. Ce seront des citoyens, des agents publics, des représentants associatifs, etc.

Entrons dans le concret : un agent identifie un problème de relation au public ; plutôt que d’exprimer de vaines ruades contre la terre entière autour de la machine à café, il se dit qu’il a peut-être un début de solution numérique à proposer et qu’il serait bon qu’il s’en ouvre à d’autres ; en franchissant la porte du Ti Kub, il devient « intrapreneur »… L’équipe du Ti Kub évalue la demande, en mesure la faisabilité au regard de critères simples (ampleur du problème à résoudre, crédibilité de la solution proposée, coûts opérationnels à engager, etc.).

Une idée et des réponses crédibles

Une fois franchi le cap d’une étude de cas possible, le travail collaboratif classique se met en branle : des agents d’autres services, des usagers, et, le cas échéant, des experts d’autres collectivités ou entreprises du numérique sont invités à se prononcer…

« L’idée n’est pas de préfabriquer une manière de prendre en compte un projet, ce qui assècherait le principe de l’innovation », précise le président de la Région. « Nous posons seulement deux prérequis : répondre aux besoins des usagers et améliorer le service public ».

Pour que le Ti Kub ne vire pas au café du commerce de la solution numérique, pour qu’il assoit très vite sa crédibilité scientifique, les équipes réuniront différents profils : chef de produit (intrapreneur qui dispose de la compétence métier), développeur, designer UX-UI (User eXperience et User Interface).

 

« La logique de travail est celle de l’expérimentation. La solution proposée, si elle est crédible, sera testée plusieurs fois avant de devenir une réalité », indique le président.

« Datathon », le grand lâcher-prise numérique

Ti Kub fonctionnera dans un premier avec une équipe réduite d’agents de la Région : un responsable opérationnel pilotera et fera vivre l’incubateur en lien avec le responsable du Ti Lab et l’équipe développement de la direction des systèmes d’information. La Chief digital officer de la Région assurera la vision stratégique de la démarche, en lien avec les projets engagés par la Région, à savoir ceux liés à la transformation de l’administration, au plan de transformation numérique et aux stratégies numériques de la collectivité.

Pour assurer la promotion du Ti Kub, la Région organisera les 13 et 14 juin prochains son premier « Datathon », décrit comme un « marathon des données au cours duquel plusieurs équipes seront invitées à plancher sur des projets de produits ou services numériques dont ils ont eu l’idée et qui leur semblent utiles à la Région, dans la gestion et l’application de ses politiques publiques ».

Dans quatre situations précises, les visiteurs seront invités à imaginer des pistes d’amélioration de la qualité des services publics : piloter la politique d’achat par la donnée ; automatiser et optimiser le suivi des organismes extérieurs, assurer la performance énergétique du patrimoine bâti et impliquer les usagers dans la transition énergétique ; gérer en temps réel les postes et les personnels affectés dans les lycées. Des équipes de 3 à 8 personnes, pré-inscrites, proposeront durant ces deux jours leur projet et finiront par une présentation de 15 minutes, devant un jury. Trois projets pourront être récompensés via des primes allant de 2 000 à 5 000 €. Le premier lauréat pourra également voir son projet intégrer le Ti Kub en vue de travailler sur son développement futur.

Interfacer au max

« Nos citoyens réservent les vacances et les restaurants à partir de leur smartphone. Pourquoi ne pas leur offrir les mêmes services ? », interroge le président de la Région. « Les citoyens veulent des applications qui facilitent leur vie à partir du moment où leur utilisation est facile. Prenons la carte Corrigo, qui facilite les transports dans la région. Son avenir, c’est d’aller plus loin que les réseaux de transports publics, d’intégrer un peu de Blablacar, un peu de bus Macron, etc. Imaginez une carte où tous les transports publics comme privés seraient proposés, jusqu’aux taxis, covoiturages, etc. » L’emploi pourrait aussi bénéficier de cette intelligente innovatrice :

Des agents de la Région et de Pôle emploi réunis dans un même endroit pour casser les silos sur des projets où nous devons recruter, voilà une situation qui pourrait faciliter le lien usagers-services publics », poursuit Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne.

La Région Bretagne ouvre ses portes aux citoyens qui savent à quel point se frotter à l’administration pour récupérer des documents ou régler une situation peut être un moment pénible. Le temps dira si cette main tendue aura débouché sur des relations plus fluides et des solutions facilitatrices…

 

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