La DINUM veut anticiper le “coup d’après”

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Avec la crise du Covid19, Tchap, (le Whatsapp de l’État) est passé de 70 000 agents utilisateurs à 160 000 actuellement et devrait atteindre 200 000 d’ici la fin de l’année.
©http://www.tchap.fr/
Le 28 août 2020

La crise sanitaire du Covid19 a bousculé les priorités de la Direction interministérielle du numérique (DINUM) et notamment de son programme phare TECH.GOUV dont l'objectif est d'accélérer la transformation numérique du service public.

 

L'occasion pour son directeur Nadi Bou Hanna, qui a reçu la presse jeudi 27 août 2020, de dresser un premier bilan et d'annoncer de nouveaux outils et services numériques comme un "Sac à dos numérique" pour les agents publics et une brigade d'intervention numérique en cas de coup dur sur des projets informatiques critiques.

Dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit. Tel est l’exercice auquel s’est livré devant la presse, Nadi Bou Hanna, directeur interministériel du numérique à l’occasion de la première année d’existence de la direction interministérielle du numérique dont il a la charge (DINUM). Il a  dressé le bilan de son programme phare TECH.GOUV qui a pour l’objectif l’accélération de la transformation numérique du service public en permettant un rapprochement de l’État avec les citoyens, les entreprises et ses propres agents.

Revenant sur les actions des douze derniers mois, le directeur de la Dinum s’est félicité du développement et de l’accélération de FranceConnect qui vise à faciliter l’accès aux services en ligne en fédérant les identités pour tous les usagers (particuliers, entreprises, agents publics).

Aujourd’hui, 17 millions de français accèdent à plus de 700 sites publics et une trentaine de sites privés.

Autre grand chantier de transformation : la politique publique par la donnée qui implique la mise en place d’un véritable cycle de vie de la collecte à l’archivage en passant par l’analyse et le croisement ainsi que le partage de données entre administrations et avec les collectivités territoriales, “un domaine où la France est très en retard”, observe Nadi Bou Hanna.

La crise sanitaire a notamment eu pour conséquence de repositionner la DINUM sur le sujet du pilotage par la donnée : l’action “Éclairer les décisions publiques par la donnée” vise à développer au sein des administrations la culture du pilotage par la donnée qui a trop fait défaut au printemps dernier.

Effet Covid19 toujours, la Mission Label dont le lancement était prévu au premier trimestre 2020 revient sur le devant de la scène. Il s’agit de disposer d’un catalogue de solutions numériques mutualisées de qualité pouvant répondre de manière optimale aux besoins des diverses organisations, collectivités etc. Lors de la crise sanitaire, de très nombreuses demandes de recommandations ont été émises. La prochaine crise devra en disposer sur étagère, affirme-t-on à la DINUM.

200 000 agents publics sur Tchap d’ici fin 2020

Mais l’épreuve du feu aura été, suite aux mesures de confinement, d’assurer la continuité d’activité de centaines de milliers d’agents. “De quelques centaines de visio-conférences par jour, nous sommes passés à plusieurs milliers saturant les capacités mais nous avons pu faire face et sommes aujourd’hui capable de traiter 1500 visioconférences/jour en cumulé” précise  le directeur de la DINUM qui observe que les usages des webconférences ne diminuent pas.

Dans ce contexte Tchap, (le Whatsapp de l’État) est passé de 70 000 agents utilisateurs à 160 000 actuellement et devrait atteindre 200 000 d’ici la fin de l’année.

“Nous devons anticiper le coup d’après pour parvenir à ce que plusieurs centaines de milliers d’agents puissent travailler de chez eux avec le même environnement qu’au bureau. Aujourd’hui ce chiffre tourne autour de 150 000 agents”, confie Nadi Bou Hanna. Là encore le Covid19 est venu modifier la donne en créant des besoins et en repositionnant des projets.

Quelques chiffres clefs sur la DINUM

  • 140 agents dont 70% de contractuels;
  • Recrutement de 40 agents supplémentaires sur 2020-2021;
  • 23 millions d’euros de budget en 2020 pour l’ensemble des actions de TECH.GOUV
  • 38 projets actifs.

Une brigade d’intervention numérique début 2021

Il s’agit par exemple de développer un “sac à dos numérique” de l’agent afin de pouvoir accéder à un bouquet commun de services (partage de document, messagerie…). Quant au projet de brigade d’intervention numérique, qui devait prendre en charge des projets critiques, il verra le jour au premier semestre prochain et sera une “force de réaction rapide”, mobilisable là où ce sera utile au sein de l’Etat à l’échelle interministérielle pour développer des projets prioritaires tels que peuvent l’être les tableaux de bord en temps réel destinés à informer les Français sur la situation du Covid 19, les aides mises à disposition des entreprises ou encore les informations relatives aux mesures d’hygiène que ces dernières doivent appliquer.

Les enjeux de l'inclusion numérique et de la simplification toujours d'actualité

Quelque peu occulté ces derniers mois, l’inclusion numérique reste une préoccupation majeure selon le directeur de la Dinum qui traite le sujet en “faiseur” (sans l’apport de sociologue ou d’anthropologue du numérique qui scrutent pourtant les usages) sous l’angle de la simplification du parcours utilisateur et de l’accessibilité des services en ligne pour les handicapés.

S’agissant de la simplification, les leviers d’action sont le suivi de la qualité des services en ligne perçue par les citoyens et les compétences des designers de sites web qui prennent en compte ces retours afin d’améliorer la fluidité et la simplicité de bout en bout du parcours utilisateur.

Sur le second thème, le levier d’action est l’objectif donné en début d’année par le Président de la République de porter à 80% le taux d’accessibilité dans de bonnes conditions des 250 démarches en ligne les plus utilisées. “Nous sommes aujourd’hui très loin de ce résultat”, reconnaît Nadi Bou Hanna.

Enfin le sujet du Green Tech, lui aussi passé au second plan, va faire l’objet d’un projet de la Dinum : frugalité numérique et ouverture de sujets qui peuvent fâcher tels que la nécessité pour un agent de posséder deux terminaux (professionnel et personnel) sont au programme. “Si l’on continue à travailler comme il y a 25 ans, la mise à disposition d’outils, les plus performants soient-ils, ne changera pas grand-chose. Il faut faire évoluer les mentalités vers le partage des données et des compétences, et une certaine forme de frugalité numérique par rapport aux enjeux environnementaux”, a conclut Nadi Bou Hanna.

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