Proximité et services publics : une question de « bonne distance » ?
Le débat sociétal de la proximité se résume à trois grandes analyses : la première dénonce le repli néo-libéral des services publics et voit dans la proximité une revendication de résistance ; la deuxième prend acte de la société mobile et est plus encline à se saisir de nouvelles échelles de la proximité ; et la troisième s’appuie sur la révolution numérique du « à distance » pour passer de « la proximité » à « l’accessibilité ».
Le débat est vif, car il touche au quotidien de chacun, aux droits sociaux, au devenir des offres territoriales, à l’imaginaire de l’abandon, voire du mépris. Il y a beaucoup de monde au chevet de la proximité, menacée par tant de « déserts » (administratif, médical, postal, commercial, numérique, culturel, etc.), dans une France où, malgré une croissance globale, le déclin démographique progresse territorialement depuis dix ans.
Les Français vivent-ils « de plus en plus loin de tout » ? S’agit-il d’une réalité objective ou d’un sentiment d’éloignement ? Ou de quelque chose d’autre encore qui ne relève plus de la distance physique, mais plutôt d’enjeux d’accès face à la dématérialisation à marche forcée des services publics ? Question de taille (ou plutôt de distance) pour un aménagement du territoire, constamment renvoyé, au nom de la proximité, à l’impératif de maintenir la présence fine des services en tout point de l’Hexagone. Mais est-ce bien encore la bonne réponse ?
Un dossier coordonné par Martin Vanier, géographe et professeur à l’École d’urbanisme de Paris.
Ils ont contribué à ce numéro